Damien Comolli va s'exprimer devant la presse
©Lempens StudioPoints forts, points faibles, statistiques, tactique, perspectives, le bilan à découvrir du TFC

En pleine trêve internationale inédite à ce stade du championnat, et après 15 premières journées riches en enseignements côté toulousain, la rédaction du site LesViolets.Com vous propose un retour en statistiques illustrant à la fois le virage dans le jeu pris par le TFC depuis l’arrivée de Damien Comolli en 2020 ainsi que les points faibles qu’il faudra corriger dans l’espoir d’une fin de saison plus sereine.

Après la défaite à Rennes (2-1) samedi dernier, le TFC aborde donc cette trêve dans la peau du promu méritant, à une honorable 12e place en championnat, avec 16 points pris en 15 matches (4 victoires, 4 matches nuls et 7 défaites), à 3 points devant le premier relégable, Auxerre. Si le début de championnat a été prometteur, grâce notamment à un premier match nul très encourageant contre Nice (1-1) lors de la 1ère journée, ou la première (et seule pour le moment) victoire à l’extérieur à Troyes (3-0) dès la 2e journée, la machine s’est quelque peu enrayée fin août, avec des défaites inquiétantes dans le jeu à Nantes (3-1, 4e journée), puis Clermont (2-0, 6e journée), Lens (3-0, 13e journée) ou même une victoire au goût de défaite contre Reims (1-0, 7e journée) tant le contenu est apparu indigent après le carton rouge rémois.

Le premier constat qui s’impose est que le TFC encaisse beaucoup de buts. Avec la 6e plus mauvaise défense de ligue 1 (la 4e plus mauvaise défense à domicile), le TFC n’est plus aussi solide que par le passé. Elle est une sorte de copie diamétralement opposée à ce que nous avons toujours connu (en tout cas durant la présidence Sadran), à savoir un bloc très solide en défense, mais une animation offensive aussi enthousiasmante qu’un SMS de Noël Le Graët. Pourtant, ce constat s’accompagne, de façon paradoxale, de l’impression que nos défenseurs affichent de bonnes performances individuelles. Ainsi, Mikkel Desler a certes affiché quelques limites physiques dès les premiers matches, mais la charnière centrale Rouault-Nicolaisen est citée parmi les satisfactions du début de saison, et personne ne conteste plus les titularisations d’Issiaga Sylla (bien aidé, il faut l’avouer, par le niveau affiché par son suppléant Oliver Zanden).

C’est qu’en football, les défenseurs ne défendent pas seuls. Sur ce plan-là, le reste de l’équipe a tendance à se reposer sur sa ligne défensive qui est (trop) largement mise à contribution, la faute notamment à un système de jeu fondé sur des relances très bas favorisant les prises de risques et les pertes de balle dangereuses.

À titre d’illustration, Maxime Dupé est le joueur (tous joueurs confondus, gardiens et joueurs de champs inclus) à avoir touché le plus de ballons en zone défensive en Ligue 1 (599 ballons) et Anthony Rouault est 5e de ce classement (527 ballons). Le TFC est, de façon plus générale, 5e au classement du nombre de ballons touchés dans sa propre surface (974 ballons). Pas étonnant, dès lors, de sentir des vents de panique jusque dans les derniers rangs du virage Brice (la meilleure tribune du championnat), avec en point d’orgue les errements défensifs incompréhensibles constatés contre Reims, y compris en supériorité numérique. Là encore, les statistiques illustrent ce manque de maîtrise globale en phase défensive : au classement du nombre de dégagements sur un match, le record tous joueurs confondus est détenu par Nicolaisen contre Reims (15). On trouve ensuite le Nantais Girotto contre Lens (12) puis de nouveau Nicolaisen contre Montpellier (12) puis Anthony Rouault contre Strasbourg (11). En situation d’urgence, on pare donc au plus pressé. Notons également que le TFC possède le 2e plus fort pourcentage de duels aériens gagnés (56,4 % derrière le PSG 57 %).

L’équipe s’en remet donc aux sauvetages de dernière seconde des défenseurs centraux ou aux exploits de son gardien. Dupé est le gardien à avoir le plus subi de tirs cadrés reçus (86 tirs cadrés, devant l’Auxerrois Benoît Costil, 81) et est le 2e gardien en nombre d’arrêts après le gardien de Monaco, Nübel (respectivement 56 et 57 arrêts). Il détient aussi le record du plus grand nombre d’arrêts sur un seul match contre le PSG (0-3, 9 arrêts). Pour de trop nombreux matches, tous s’accordent à dire que l’addition aurait pu être bien plus lourde sans notre dernier rempart, et souvent se dégage une sensation que l’équipe marche sur un fil, incapable de se mettre vraiment à l’abri malgré parfois une confortable avance au tableau d’affichage.

En résumé, Toulouse subit beaucoup, mais ses défenseurs et son gardien tiennent bon. L’ensemble du collectif, et notamment le milieu de terrain, doit être plus incisif sans ballon et le seul Stijn Spierings n’a pas tenu sur le long terme son rythme d’essuie-glace du tout début de saison.

Cette fragilité est certainement le revers d’un jeu séduisant que tous les observateurs louent depuis notre retour en Ligue 1, eux qui étaient habitués aux purges hebdomadaires du temps d’Olivier Sadran. Car en matière d’animation offensive, le renouveau est évident. Le TFC n’affiche certes que la 8e possession de balle de Ligue 1 (50,7 % de possession – le PSG étant l’équipe qui garde le plus le ballon, 60,5 % en moyenne, et Troyes et Reims celles qui le gardent le moins, en moyenne 43,1 % du temps). Ce n’est pas encore le Barça, mais comparé aux années précédentes, le TFC garde plus le ballon. Il faut même remonter à l’année 2013-2014 pour voir le TFC afficher une possession supérieure à 50 % en Ligue 1, grâce notamment à un milieu Chantôme-Didot-Trejo-Aguilar plutôt à l’aise (44,2 % de possession en 2019-2020, 48,2 % en 2018-2019, 45,7 % en 2017-2018, 45,4 % en 2016-2017, 46,6 % en 2015-2016 et 49,1 % en 2014-2015). Le pourcentage de passes réussies (78,6 % en moyenne cette saison) est également plus élevé que les années précédentes, signe d’une maîtrise du ballon plus aboutie.

Cette précision ressort surtout sur le plan du jeu long, Toulouse étant la 2e équipe ayant effectué le plus de passes parcourant plus de 40 m sur la largeur du terrain (88). Comment ne pas citer Branco Van den Boomen à la lecture de ces statistiques ? Il est en effet le joueur de ligue 1 ayant réussi le plus de passes longues (183, soit 62 % de réussite devant le Clermontois Mory Diaw, 157) et le plus de centres (117, devant le milieu de Montpellier Téji Savanier, loin derrière avec 93 centres). Signe de cette utilisation fréquente du jeu long de Branco, le TFC est la 2e équipe le plus souvent sifflée hors-jeu (31 fois à égalité avec Montpellier, et derrière le PSG, 36 fois).

Le schéma préférentiel est donc clair : on combine au milieu et on cherche à sauter les lignes défensives adverses en s’appuyant sur le jeu long de Van den Boomen à destination, le plus souvent, de la pointe de vitesse de Zakaria Aboukhlal, joueur qui lance le plus de sprints par match.

En-dehors de ce schéma préférentiel, et de belles combinaisons en phase offensive (comme sur le but de Chaïbi contre Montpellier ou Dejaegere contre Angers) Toulouse s’appuie peu sur la percussion par dribble. Le TFC est avant dernier en nombre de dribbles réussis (86 dribbles – le PSG étant 1er dans ce classement avec 172 dribbles et Brest dernier avec 76 dribbles), la faute aux blessures de Ratao ou aux difficultés d’adaptation de Birmancevic, que l’on nous annonçait comme un expert en la matière.

Par ailleurs, malgré un jeu séduisant, l’autre point faible se situe en pointe, poste où beaucoup de solutions ont été essayées (Healey, entré en jeu les trois premiers matches avant sa grave blessure, Dallinga, Aboukhlal, Ratao, Onaiwu ou même Chaïbi) sans que ne se dégage un titulaire indiscutable. Pour trouver un Toulousain au classement du nombre de tirs cadrés par match, il faut regarder à la 36e place, occupée par Zakaria Aboukhlal (0,92 tir cadré/match, loin derrière Lionel Messi, 1er de ce classement, qui cadre en moyenne 2,32 tirs/match).

En conclusion, au regard du niveau plus qu’inquiétant affiché par les remplaçants (Onaiwu, Zanden, Begraoui, Birmancevic, Genreau), il semble indispensable de procéder à des ajustements durant le mercato hivernal en recrutant a minima un attaquant de pointe et un milieu de terrain solide dans l’impact capable de soulager les titulaires, en espérant par ailleurs une bonne surprise dans le groupe déjà constitué : Birmancevic ? Flemmings ? Tsingaras ?

Notre classement actuel ne doit pas être analysé sans tenir compte du fait que nous ayons joué un match de plus à domicile et des performances de haute volée de notre gardien de but. D’autres équipes ont déjà été reléguées en pratiquant un beau football…

Christophe Foulquier