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La data, l’élément de rupture entre Damien Comolli et Michaël Debève, Philippe Montanier fragilisé

L’annonce a été faite jeudi midi par Damien Comolli, entre son bilan sportif et les perspectives du mercato d’hiver : Michaël Debève, le bras droit de Philippe Montanier, a été mis à pied à titre conservatoire et ne peut plus se rendre sur son lieu de travail. Une annonce qui a fait l’effet d’une bombe chez les supporters et dans de nombreux médias. Cette mise à l’écart s’explique surtout en quatre mots : l’utilisation de la data. On vous raconte ce qu’il se passe sur LesViolets.Com.

L’information a pu surprendre, et pourtant, les antécédents entre Michaël Debève et Damien Comolli ne remontent pas à quelques jours à peine. Cet été, le TFC a annoncé avoir prolongé le contrat de Philippe Montanier et de son principal adjoint jusqu’en 2024. Or, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le club n’aurait toujours pas déposé à la Ligue le nouveau contrat de Debève, pourtant signé. Ce dernier est donc encore officiellement lié au TFC jusqu’en 2023. Ce sujet sensible sera prochainement débattu lors d’une réunion comme le veut la procédure dans ce genre de litige.

En interne, le principal problème entre Damien Comolli et certains membres du staff, dont Michaël Debève, s’appelle la data. Le président toulousain veut l’utiliser partout, pour le recrutement, les matchs, mais également lors des entraînements et veut encore accélérer son installation dans toutes les branches. Julien Demeaux, responsable data du TFC arrivé dès les premiers jours de RedBird, fait partie des hommes incontournables du projet et ses rapports avec Debève étaient froids, voire parfois très tendus. Les deux hommes ne pouvaient pas s’entendre. Ce dernier aurait donc été le fusible pour rappeler à certains que le projet technologique et de modernisation du TFC doit être au-dessus de tout. “Le président cherche à développer encore plus la data au sein du club, et ça ne plaît pas à tout le monde, notamment autour de Montanier” nous a confié un très proche du club.

Mais alors quelle sera la suite, notamment pour Montanier, directement visé par ce choix ? Sauf impossible retournement de situation, Debève sera licencié et pourra engager un recours aux prud’hommes pour contester ce choix. Un long combat juridique sera alors lancé, pendant que le club continuera son parcours sportif et que ce dossier passera au deuxième, voire au troisième plan. Quant à Montanier, son avenir à très court terme devrait se résumer en une phrase : tenir et accepter de travailler avec un nouvel adjoint. Sa situation est désormais fragile et chez de nombreuses personnes gravitant autour de lui et du TFC, la donne semble assez claire. Sera-t-il le prochain sur la liste à partir ? Au sujet des recrues de l'été, Montanier s'est permis d'écarter plusieurs fois Oliver Zandén et a mis sur le banc Thijs Dallinga. Comolli, lui, a défendu son mercato et demande "deux à trois saisons" pour juger.

Il y a encore quelques semaines, l’entraîneur toulousain avait eu des mots agréables à l’égard de son adjoint en conférence de presse : “On s’est connus avec Michäel quand il a passé son diplôme. J’étais instructeur et j’avais remarqué ses qualités d’entraîneur et d’éducateur. Cette personne dégage beaucoup d’ondes positives. Son rôle est important, au même titre que mes adjoints. C’est un vrai travail d’équipe. Ils ont des compétences que je n’ai pas et je suis là pour orchestrer ça. Ils ont une complicité avec les joueurs. Michaël (Debève) s’occupe du secteur offensif, ça se passe donc bien depuis l’année dernière.” Nos confrères de La Dépêche du Midi ont indiqué que Montanier était “incrédule” face au choix de Comolli de mettre de côté Debève, qui a suivi le coach toulousain dans ses dernières aventures, à Lens, au Standard de Liège et au TFC.

Ce n’est pas la première fois que la data crispe certains en interne. À l’été 2020, Jérôme Fougeron avait été appelé par le nouveau président toulousain pour diriger la cellule de recrutement… avant de la quitter quelques semaines après son intronisation. “Mon départ du TFC, c’est juste que la data était l’élément déclencheur et décideur pour le transfert. Moi je ne place pas dans le même ordre les trois volets du recrutement (le live, la vidéo et la data)” avait expliqué l’intéressé à La Dépêche du Midi.

RedBird est arrivé à Toulouse en investissant dans la société Zelus aux États-Unis, qui aide le Tèf à collecter, analyser et utiliser des données. Il faut donc que ça marche. Cette histoire met en lumière en quelque sorte une opposition entre “l’ancien monde”, pas ou peu habitué à la data, et “le nouveau” que veut Comolli. Loin des micros et en off, ce dernier fustigeait encore il y a quelques mois l’âge moyen des entraîneurs français, souvent au-dessus des 60 ans. “On a besoin d’autres Laurent Batlles pour le bien du foot français” avait-il indiqué publiquement à RMC, à l’époque où il savait que Patrice Garande n’allait plus être son entraîneur.

Cette utilisation de la science et des chiffres dans le football n’est pas nouvelle pour Damien Comolli. Au début des années 2000, le boss toulousain a fait une rencontre qui a bouleversé sa vie, celle de Billy Beane. Cet homme a révolutionné le baseball américain en utilisant les statistiques pour recruter des hommes dans son club, les Oakland Athletics, qui perdent chaque année leurs meilleurs joueurs, attirés par de plus grands clubs et de plus gros salaires (ça ne vous rappelle rien ?). Cette histoire a été racontée dans le film “Le Stratège” avec Brad Pitt, inspiré du livre “Moneyball” de Michael Lewis. D’ailleurs, dans ce récit, le coach, pourtant très respecté et qui fait du bon travail, est viré du jour au lendemain pour avoir émis des doutes sur la data.

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